Quelques
mots d’abord pour me réjouir avec vous de la longue liste faite de
partis politiques, de syndicats et d’associations qui ont pris
l’initiative de cette rencontre dans toute la France. Nous vivons
une période où le rassemblement est nécessaire et urgent pour
faire face à une offensive politique destinée à accélérer le
renforcement en France du système libéral - le bien mal nommé –
c’est-à-dire, en fait, de servir les intérêts du capital au
détriment des catégories sociales moyennes et défavorisées. Face
à une telle volonté et un tel acharnement du gouvernement et de ses
soutiens la convergence des luttes est un impératif pour obtenir le
succès et faire plier le Gouvernement qui développe son
intervention sur tous les secteurs de la vie sociale et économique.
Il profite ainsi des conditions politiques dans lesquelles s’est
déroulée l’élection présidentielle et qui ont conduit au
résultat que l’on sait.
La convergence aussi rapide et nécessaire soit-elle ne peut pas se limiter au regroupement des organisations politiques, syndicales et associatives, il faut aussi qu’elle soit celle des militants, des usagers, des catégories sociales victimes des décisions et des projets gouvernementaux. Les citoyens, au sens noble du terme doivent renouer avec l’action politique. Le hasard fait que cette nécessité s’accroit alors que vient sur le devant de la scène, le cinquantenaire de mai 1968. Il me semble que la meilleure commémoration que l’on puisse faire serait justement de refaire un « juin 1968 »
Dans
la longue liste des secteurs qui aujourd’hui ont à faire face à
cette offensive du capital j’ai choisi d’évoquer en quelques
mots les atteintes en cours ou à venir portant sur les services
publics. A ce sujet il faut souligner la force et la qualité de la
lutte des cheminots et leur apporter tout notre soutien car le
devenir de cette lutte est important pour la suite des actions qui
pourront surgir dans les prochains jours.
En
France les services publics et parmi ceux-ci la Fonction Publique
nationale, locale et de santé constituent un secteur original fondé
pour l’essentiel à la Libération et touchant à la vie courante
de tous les Français. Ce secteur marque la vie quotidienne de tous
et offre une réponse aux besoins les plus nécessaires comme ceux de
la santé, de l’éducation, des transports, de l’énergie, de la
communication, de la culture etc. Au fil des ans des améliorations
ont pu être obtenues et des tentatives de destruction ont été
déjouées. Mais il est important de dire que nous sommes face à une
volonté de détruire ce système dans l’ensemble équitable,
démocratique car le monde de la finance y voit des sources de
profits et d’enrichissement conséquent. Une telle pratique a déjà
vu le jour avec les activités postales et les communications au
détriment des personnels mais aussi des besoins de la population.
Disant
cela je pense aux effets de ces transformations sur le service rendu
avec une lourde altération des implantations des points de service
et de contact en raison d’une approche basée sur la seule notion
de coûts et de profits. Bien sûr on ne peut pas négliger l’apport
des technologies numériques dans l’exigence de proximité mais il
faut aussi compter sur les coûts des équipements personnels et sur
les possibilités d’usage qui peuvent aggraver les inégalités
d’accès. L’approche économiste que le pouvoir tente d’imposer
est particulièrement défavorable à des territoires comme les
nôtres marqués par la démographie que l’on connaît.
L’information qui est apparue ces jours derniers et qui concerne le
secteur éducatif est à cet égard révélatrice. On peut craindre
en effet une disparition des académies de l’ancienne région
limousin et Poitou-Charentes et les agents du rectorat de Limoges
manifestent leur hostilité à la disparition de cet échelon
administratif important. Peu à peu se mettent en place les
réorganisations résultant du découpage régional et qui ont pour
effet d’aggraver les effets d’éloignement. L’aménagement du
territoire est devenu un gros mot qu’il ne faut pas prononcer sous
peine d’être considéré comme le dernier des Mohicans, le ringard
encore attaché à des notions et des revendications d’un autre
âge. Pour ces censeurs et ses réformateurs seul compte la
rentabilité et ils n’ont rien à faire de ce qui ne produit pas le
fric qui est leur unique préoccupation. L’une des conséquences de
cette approche très mercantile est le transfert aux collectivités
locales, proches du terrain, le soin de combler les abandons
organisés par l’Etat. C’est depuis des années le cas de
certaines liaisons ferrées qui contractualisent avec SNCF pour
assurer les dessertes locales et la punition est d’autant plus
sévère que l’espace concerné est démographiquement pénalisé.
En somme cet Etat assujetti au monde de la finance nous dit :
« vous voulez garder vos trains, vos perceptions, vos bureaux
de poste et autres services publics alors payez-les. Belle image
d’une destruction organisée de la solidarité nationale et de
l’équité républicaine ! Plus on est pauvre plus il faut
payer !
Ce
renversement de pensée est significatif d’une altération
préoccupante de la démocratie, très directement d’abord par les
atteintes que je viens d’évoquer mais aussi par des
transformations politique de plus grande envergure qui sont en fait
des atteintes graves aux fondements mêmes du régime républicain
déjà bien malmené par la constitution de la Vème République. On
connait le recours plus fréquent au 49-3 pour faire adopter des lois
et comme cela peut ne pas suffire on réhabilite le « gouvernement
par ordonnances ». On peut aussi s’inquiéter d’un
renforcement dans les faits d’une présidentialisation plus voyante
et plus annoncée. C’est ce qui justifie la revendication d’une
6ème
république plus démocratique et tournant le dos au pouvoir
personnel dont ses défenseurs vantent la modernité alors qu’ils
ne font que rétablir ou défendre un concept réactionnaire.
Tels
ont les quelques réflexions dont je voulais vous faire part au nom
de l’association « Cap à Gauche 19 » qui depuis
maintenant depuis plus de 10 ans, s’inscrit dans ce combat
fondamental. Je vous invite à assister à nos actions et à
consulter les écrits que nous produisons. En
particulier je vous signale que nous organisons un débat sur
l’aménagement du territoire le 7 juin à Meymac avec la
participation du Maire de Meymac et celle de Robert SAVY ancien
président de la région Limousin.
Merci
de votre attention.
JEAN
COMBASTEIL CAP A GAUCHE 19