dimanche 31 janvier 2021

Célébration du centenaire du Congrès de Tours 1920-2020 - Photos d'époque

 Voici une galerie de photos d'époque

  Salle du congrès 
Congrès de Tours                                                 Congrès de Tours
Congrès de Tours
 
Jaures - Blum - Mitterand


Blum  Jules Guesde Nadar
Blum et Thorez en 1936                                       Jules Guedes

Lenine 
Lenine                                Blum en meeting
Groupe de communistes après le congrès de Livourne du PC italien

 
L'Humanité, avant et après le Congrès de Tours


Le comité central du PC russe en 1917

    
Affiche de la social démocratie allemande avant 1914
      
 Carte postale de la conférence de Zimmerwald  

jeudi 28 janvier 2021

Célébration du centenaire du Congrès de Tours 1920-2020 - Table ronde 3

Journée congrès de Tours, Tulle 6 février 2021
Table ronde 3 : programmes des partis "de gauche" : accords possibles, l'union ? sur quelles bases et pourquoi faire ?


Le contexte actuel : quelques graves problèmes de notre société.
Que faire face à :

  • la livraison de la planète aux transnationales avec des grandes entreprises discréditées par des scandales politico-financiers (elles installent leur siège dans des paradis fiscaux et s’arrangent pour ne pas payer d’impôts) ?

  • une société qui s’organise au profit des plus riches et des plus puissants, ce qui va de pair avec le cynisme de certains grands patrons et des actionnaires invisibles ? Cela a pour conséquence un accroissement des inégalités.

  • une société tournée vers un modèle de consommation de biens matériels à outrance, avec des conséquences désastreuses pour la planète ?

  • une compétition extrême avec sa logique de profit, qui génère de la violence, et s’installe dans les consciences cette valeur « argent » par-dessus des valeurs d’humanité ?

  • une mondialisation qui entraine des délocalisations, une pollution exponentielle et la désindustrialisation de notre pays ?

  • un chômage qui augmente avec une frange de plus en plus importante de la population qui survit grâce aux minima sociaux de l’état, ce qui a tendance à généraliser un assistanat dégradant ?

  • la tendance d’une présidentialisation autoritaire de la gestion politique de la France?

  • une démocratie représentative qui ne satisfait pas les Français, avec un divorce entre les politiques et les citoyens, avec une perte de confiance du peuple à l’égard des politiques ?

  • un syndicalisme en perte de vitesse (seulement 8% des salariés sont syndiqués) avec un nombre de permanents qui a tendance à dépasser celui du nombre des adhérents ?

  • un système de marchés publics, qui favorise les plus forts et empêche toute expérimentation sociale ?

  • l’endettement de l’état avec un déficit budgétaire croissant ?

  • une politique de santé calamiteuse ?

  • une politique culturelle en perte de vitesse et des médias aux mains des puissants ?

  • des déficits croissants de la branche vieillesse (4, 6 milliards) ?

  • l’augmentation de l’insécurité et de la violence ?

  • une police de plus en plus gardienne d’abord des privilèges d’une classe sociale ?

  • une école avec des professeurs qui ont du mal à faire face à des élèves indisciplinés et parfois violents ?

  • une agriculture en crise profonde, résultat d’un modèle productiviste mis en œuvre dans les années 60 /70 ?

  • une gauche idéologiquement affaiblie, avec des partis divisés et des militants démobilisés ?

  • une absence de leader pour l’ensemble des partis de gauche qui fasse consensus ?

  • un mouvement de repli sur soi et d’indifférence croissante des citoyens français ?



La désunion
Les causes : les egos des politiques, les divergences de vue sur un programme politique, etc.

Les appels à l’unité : 

« Il faudra éviter les logiques partidaires et suicidaires.
Si chacun y va dans son couloir, on est cuit. » François Ruffin


Que faire ? Qu’est-ce qui (nous) rassemble ?

Au plan humain

"Une transformation radicale de la société ne peut avoir lieu sans une révolution intérieure des consciences".

" L'homme qui se rend compte de ses bassesses et de ses travers et qui est disposé à se reformuler... c’est ce qui nous permettra de dépasser nombre des contradictions de notre société"

  1. Face à la discrimination développons une société sans discriminations, ni exploitation ;

  2. Face à la division l’union doit prévaloir ;

  3. Face à individualisme doit se substituer le savoir vivre ensemble et la solidarité ;

  4. Face à l'hypocrisie développons la sincérité ;

  5. Face aux replis sur soi, pratiquons le bonjour, un s'il vous plait, un pardon, une reconnaissance, un sourire qui construisent la fraternité ;

  6. Face à l'égoïsme, la générosité ;

  7. Face au matérialisme, une vie naturelle, simple et digne qui favorise la convivialité et la bienveillance ;

  8. Face à l’affrontement, doit se substituer le dialogue ;

  9. Face à l’esprit de compétition, doit prévaloir la participation ;

  10. Face au conformisme et la passivité, développons l’engagement et l’esprit d’initiative ;

  11. Face à la morosité ambiante mettre de la saveur dans nos vies.

Que proposer ? qu’est-ce qui fait consensus aux plans :

  • de l’éducation primaire, secondaire et universitaire ?

  • de la formation professionnelle

  • de l’éducation populaire

  • économique ?

  • du chômage et de l’emploi ?

  • de la fiscalité ?

  • de l’état ?

  • de l’immigration ?

  • de la santé ?

  • de l’écologie ?

  • culturel ?

  • du nucléaire ?

  • de la politique étrangère ?

  • de la défense ?

  • de la justice ?

  • des retraites ?

  • du climat ?

  • des mouvements citoyens ?


mardi 26 janvier 2021

Célébration du centenaire du Congrès de Tours 1920-2020 - Table ronde 2

 

Journée congrès de Tours, Tulle 6 février 2021
Table ronde 2 : depuis les années 20, analyse des unions et désunions

Un siècle, 100 ans, que se réunissait, à Tours, le 20eme Congrès de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (S.F.I.O.), le 25 décembre 1920.

Le congrès
Nous étions alors deux ans après la fin de Première Guerre Mondiale soit après quatre ans de combats et des millions de morts. Le deuil envahissait les campagnes françaises, les premiers Monuments aux Morts apparaissaient dans chaque commune avec leur longue liste de disparus. « On ne chantait plus dans les champs » me disait ma Grand-Mère qui avait déjà connu la guerre de 1870 marquée par l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine au profit de l’Allemagne.

Somme toute, une forte responsabilité pesait sur ce congrès et sur les forces politiques participantes qui n’avaient pas pu, ou pas su, empêcher cette guerre après l’assassinat de Jaurès et la création de « l’Union Sacrée ». Le congrès était sous le poids d’une division fortement suscitée par la Révolution Bolchevique de la Russie tsariste d’octobre 1917. Une pensée politique nouvelle, le Marxisme, trouvait une application concrète dans un vaste pays dominé par un monarchie ancienne et très sévère, le tsarisme. Apparaissait alors une personnalité déjà connue par son adhésion aux thèses révolutionnaires de karl Marx : Lénine

A l’opposé, au sein du Parti Socialiste, se maintenait le courant traditionnel mené par une figure montante du parti Socialiste : Léon Blum

Création de deux partis de gauche
Ainsi se constituait la Gauche Française qui allait marquer la vie politique du pays jusqu’à nos jours à travers la quatrième et cinquième république. Deux partis en constituaient l’essentiel, le parti socialiste (SFIO) et, plus nouveau, le parti Communiste Français (PCF). Une troisième force, le Trotskisme issu d’un autre militant russe Trotski, (en désaccord avec Lénine) faisait aussi, plus discrètement, son apparition.

Cette diversité de la gauche traduit les concepts politiques qui ont distingué ces forces politiques. Si cette gauche est traditionnellement attachée aux valeurs révolutionnaires de la liberté et de l’égalité, elle se distingue par la voie à suivre : faut-il avancer à l’intérieur du système, en l’ajustant à ses marges ou, au contraire le dépasser radicalement pour aller vers la justice ? Le dilemme est installé : adaptation ou rupture ? Il va caractériser la vie politique française et générer des luttes qualifiées de fratricides. Sont-elles réellement fratricides quand une telle distance sépare les protagonistes ? Existe-t-il une plage de recouvrement quand l’un veut la mort du capitalisme alors que l’autre cherche à l’amender ? 

Une situation politique nouvelle : le front populaire
Pourtant une situation politique nouvelle se produisit, l’avènement du « Front Populaire » constitué par l’union des forces politiques de gauche et celle des syndicats. La mobilisation ouvrière impose une issue qui constitue une avancée considérable du droit du travail et reste encore de nos jours un évènement exemplaire. 

Pourtant cette unité ne résistera pas à la naissance et à la croissance du fascisme européen et en particulier de « l’hitlérisme allemand ». Le gouvernement français dirigé par Léon Blum refusera l’aide militaire à la République espagnole menacée par les troupes fascistes de Franco, alliées à la force militaire hitlérienne, provoquant ainsi la rupture politique du Front Populaire. Le parti communiste organisera les « Brigades internationales » qui iront combattre sur le front espagnol. Mais le fascisme gagnera en Espagne et se fortifiera pour engager la deuxième guerre mondiale. La France connaitra une forte agitation politique qui fera apparaître les forces d’extrême droite et mit en avant une personnalité qui allait jouer un rôle dominant : le maréchal Pétain.

La deuxième guerre mondiale
La deuxième guerre mondiale se profile à travers les attaques allemandes à l’est, en Scandinavie et finalement en France. On en connaît le déroulement aboutissant à l’invasion rapide de la France par l’armée hitlérienne et la naissance progressive d’une résistance intérieure, le Maquis s’opposant à « l’Etat Français » dirigé par le maréchal Pétain inféodé aux autorités nazies. Ce fut le temps de la brutalité nazie marquée par les camps de déportation en Allemagne et par une chasse aux familles françaises juives. Ce fut aussi le temps de la construction en Grande Bretagne de la "France Libre" placée sous l’autorité du General de Gaulle. 

La Libération mis en place un gouvernement républicain comptant des ministres socialistes et communistes à côté des « gaullistes » Ce fut un temps d’union et d’une politique sociale innovante (par exemple Lla Sécurité Sociale que nous connaissons aujourd’hui).

Les héritiers du congrès de Tours
Les héritiers du congrès de Tours ne tardèrent pas à se diviser à nouveau notamment au sujet des « guerres coloniales » en Indochine d’abord et en Algérie ensuite. La Quatrième République céda la place à la Cinquième dirigé par le Général De Gaulle. La Constitution que nous vivons aujourd’hui fut adoptée par referendum et nous en connaissons maintenant les caractéristiques antidémocratiques. Elle renforça la rupture au sein de la gauche. Aujourd’hui encore, elle constitue un temps fort de la confrontation politique et un espace de division. On peut rappeler que notre mouvement « Cap à Gauche » s’inscrit fortement dans la bataille pour un nouvelle constitution. 

En fin de propos, force est de constater que la séparation constatée au congrès de Tours perdure et sur des bases déjà présentes à ce congrès historique avec sans doute des partenaires affaiblis pour diverses raisons. Le Parti Socialiste souvent accusé d’avoir trahi la gauche cherche son nouveau nom et le Parti Communiste a perdu, pour des raisons diverses, beaucoup de ses capacités d’intervention. 

Cette dissociation, cet écart considérable, réclame sans doute une réflexion purgée de tentations dominatrices et orientée vers les exigences de démocratie, de justice sociale et de lutte contre les inégalités énormes nationales et internationales. Objectif sans doute difficile mais pourtant totalement incontournable. Et, dans cette optique, il serait une nouvelle fois utile de rassembler ces forces de gauche aujourd’hui augmentées de la vision écologique. 2011 et suite nous y invitent avec insistance ! 

Des rencontres plus ou moins discrètes entre les divers protagonistes n’y suffiront pas si elles se refusent à offrir un modèle de société résolument antagoniste au néo-libéralisme installé au sein d’une Europe toute entière dominée par le capital. 

La responsabilité des partis est en cause ; leur action doit sans doute se moderniser mais elle doit surtout se concrétiser et se rassembler pour élaborer une offre politique à la fois respectueuse de l’humain et porteuse d’un système économique fondé sur l’égalité sociale et sur la répartition équitable des richesses produites par le travail. 

Une telle offre pourrait encore s’appeler socialisme et constituerait un support humaniste au progrès technologique, scientifique et moral. Ce serait alors la meilleure commémoration du congrès de Tours qui puisse être offerte à la France et à l’Europe.

lundi 25 janvier 2021

Célébration du centenaire du Congrès de Tours 1920-2020 - Table ronde 1

 

Journée congrès de Tours, Tulle 6 février 2021

Table ronde 1 : le Congrès, causes, déroulement, conséquences immédiates


Voici des élèments historiques pour contextualiser le congrès de Tours en 1920.

   





Célébration du centenaire du Congrès de Tours 1920-2020 - introduction

Journée congrès de Tours, Tulle 6 février 2021

Introduction

Il y a 100 ans , du 25 au 30 décembre 1920, se tenait à Tours le congrès de ce qui s'appelait encore pour quelques jours le Parti Socialiste français. Le Parti venait de quitter l'Internationale Ouvrière, dite deuxième internationale, au précédent congrès de Strasbourg, en janvier de la même année. À l'issue du congrès, il y aura en France deux grands partis se réclamant de la classe ouvrière. L'un prendra le nom de Parti Communiste, membre de l'Internationale Communiste (IC), dite troisième internationale, plus tard appelé Komintern. L'autre, Parti Socialiste, Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO). La SFIO rejoindra en février 1921 l'Union des Partis Socialistes pour l'action Internationale (UPSI), dite internationale deux et demi, à la conférence de Vienne. L'UPSI rejète à la fois l'IC et l'ancienne Internationale Ouvrière (IO) qui s'est compromise avec la bourgeoisie en 1914 dans « l'union sacrée » ; l'IC sera dissoute en 1943, l'UPSI en 1946 ; la social démocratie ré unifiée créera l'Internationale Socialiste en 1951. Les partis communistes, eux, sont officiellement regroupés depuis 1947 dans le Kominform, et ce jusqu'en 1956.


« Du passé faisons table rase ? » Qu'est-ce que cela vient faire dans le débat politique des gauches en 2020 ? En quoi cela nous concerne t-il encore ?
Le premier élément de réponse, c'est notre présence aujourd'hui, qui n'est pas due, j'en suis sûr, à notre seule volonté de réviser nos manuels d'histoire.
Côté pile, une question nous interroge tous et toutes, c'est la division durable du mouvement ouvrier français, comme international, division qui plongerait ses racines dans l'histoire.
Côté face, c'est malgré tout l'unité, réalisée à plusieurs reprises entre les partis, les syndicats, et souvent à la base, dans les luttes sociales.


Autrement dit, le mouvement ouvrier, le mouvement social, ses formes politiques et syndicales organisées, ses courants, sont-ils condamnés à ce « je t'aime moi non plus » perpétuel.
Ces questions sont légitimes pour celles et ceux qui, l'actualité mondiale quotidienne est là pour nous le rappeler, veulent se débarrasser d'un monde fait d'oppressions, d'inégalités, de violences ; un monde que le capitalisme mène aujourd'hui physiquement, climatiquement à sa perte. Tout petitement, comment nous débarrasser de Macron et de la Vième république.

Mais comment nous y prendre ? Avec qui ? Pour faire quoi et aller où ?

Nous sommes en 1920. La grande guerre a fait des millions de morts et de blessés. Le mouvement ouvrier, dans toutes ses composantes, proclame, comme l'indique la banderole au-dessus de la tribune du congrès de Tours: « prolétaires de tous les pays unissez-vous ! » ; unissez-vous contre le capitalisme et l'impérialisme fauteurs de guerre, « guerre à la guerre », pour le socialisme, par delà les frontières. Seulement voilà, deux lignes vont s'affronter, schématiquement réforme ou révolution, avec toutes les conséquences de fractures politiques que nous connaissons.

Ce sera l'objet du premier groupe de travail, de revenir à l'origine de ces fractures autour du congrès de Tours, de faire la part des divergences de fond et des circonstances.

Pourtant, la division du début des années 20 ne va pas empêcher tout au long du 20ième siècle des moments de retrouvailles : 36, 45, 81 ...Ces moments n'auront qu'un temps : 39, 47, 83, et les moments un peu plus compliqués … Mai 68, Gilets Jaunes.
Ce sera l'objet du second groupe de travail d'analyser ce qui a permis ces moments d'unité et ce qui en a sonné le glas, d'en tirer des leçons ; sans oublier les moments de trahison des idéaux socialistes et communistes par les partis qui s'en revendiquaient qui ont ponctué le vingtième siècle et les années récentes.

Pour en arriver à ce qui motive beaucoup d'entre-nous : et si c'était à (re)faire … que sont les facteurs d'unité et de division devenus ? Qu'en disent les héritiers des protagonistes d'hier et les gauches en général ?
Ce sera l'objet du troisième groupe de travail d'analyser ce que disent les différents courants aujourd'hui, de rechercher ce qui divise et ce qui pourrait unir, et unir pas comme fin en soi, mais dans quels buts.

En guise de première conclusion, je vais plagier Daniel Bensaïd, philosophe et militant révolutionnaire disparu en 2010, qui aimait à dire

« Malgré toutes nos défaites, nous avons gagné par nos luttes le droit de recommencer »

Gilles Madec