Journée congrès de Tours, Tulle 6 février 2021
Introduction
Il y a 100 ans , du 25 au 30 décembre 1920, se tenait à Tours le congrès de ce qui s'appelait encore pour quelques jours le Parti Socialiste français. Le Parti venait de quitter l'Internationale Ouvrière, dite deuxième internationale, au précédent congrès de Strasbourg, en janvier de la même année. À l'issue du congrès, il y aura en France deux grands partis se réclamant de la classe ouvrière. L'un prendra le nom de Parti Communiste, membre de l'Internationale Communiste (IC), dite troisième internationale, plus tard appelé Komintern. L'autre, Parti Socialiste, Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO). La SFIO rejoindra en février 1921 l'Union des Partis Socialistes pour l'action Internationale (UPSI), dite internationale deux et demi, à la conférence de Vienne. L'UPSI rejète à la fois l'IC et l'ancienne Internationale Ouvrière (IO) qui s'est compromise avec la bourgeoisie en 1914 dans « l'union sacrée » ; l'IC sera dissoute en 1943, l'UPSI en 1946 ; la social démocratie ré unifiée créera l'Internationale Socialiste en 1951. Les partis communistes, eux, sont officiellement regroupés depuis 1947 dans le Kominform, et ce jusqu'en 1956.
« Du passé faisons table rase ? »
Qu'est-ce que cela vient faire dans le débat politique des gauches
en 2020 ? En quoi cela nous concerne t-il encore ?
Le premier élément de réponse, c'est
notre présence aujourd'hui, qui n'est pas due, j'en suis sûr, à
notre seule volonté de réviser nos manuels d'histoire.
Côté pile, une question nous
interroge tous et toutes, c'est la division durable du mouvement
ouvrier français, comme international, division qui plongerait ses
racines dans l'histoire.
Côté face, c'est malgré tout
l'unité, réalisée à plusieurs reprises entre les partis, les
syndicats, et souvent à la base, dans les luttes sociales.
Autrement dit, le mouvement ouvrier, le
mouvement social, ses formes politiques et syndicales organisées,
ses courants, sont-ils condamnés à ce « je t'aime moi non plus »
perpétuel.
Ces questions sont légitimes pour
celles et ceux qui, l'actualité mondiale quotidienne est là pour
nous le rappeler, veulent se débarrasser d'un monde fait
d'oppressions, d'inégalités, de violences ; un monde que le
capitalisme mène aujourd'hui physiquement, climatiquement à sa
perte. Tout petitement, comment nous débarrasser de Macron et de la
Vième république.
Mais comment nous y prendre ? Avec qui ? Pour faire quoi et aller où ?
Nous sommes en 1920. La grande guerre a
fait des millions de morts et de blessés. Le mouvement ouvrier, dans
toutes ses composantes, proclame, comme l'indique la banderole
au-dessus de la tribune du congrès de Tours: « prolétaires de tous
les pays unissez-vous ! » ; unissez-vous contre le capitalisme et
l'impérialisme fauteurs de guerre, « guerre à la guerre », pour
le socialisme, par delà les frontières. Seulement voilà, deux
lignes vont s'affronter, schématiquement réforme ou révolution,
avec toutes les conséquences de fractures politiques que nous
connaissons.
Pourtant, la division du début des
années 20 ne va pas empêcher tout au long du 20ième siècle des
moments de retrouvailles : 36, 45, 81 ...Ces moments n'auront qu'un
temps : 39, 47, 83, et les moments un peu plus compliqués … Mai
68, Gilets Jaunes.
Ce sera l'objet du second groupe de
travail d'analyser ce qui a permis ces moments d'unité et ce qui en
a sonné le glas, d'en tirer des leçons ; sans oublier les moments
de trahison des idéaux socialistes et communistes par les partis qui
s'en revendiquaient qui ont ponctué le vingtième siècle et les
années récentes.
Pour en arriver à ce qui motive
beaucoup d'entre-nous : et si c'était à (re)faire … que sont les
facteurs d'unité et de division devenus ? Qu'en disent les héritiers
des protagonistes d'hier et les gauches en général ?
Ce sera l'objet du troisième groupe de
travail d'analyser ce que disent les différents courants
aujourd'hui, de rechercher ce qui divise et ce qui pourrait unir, et
unir pas comme fin en soi, mais dans quels buts.
En guise de première conclusion, je vais plagier Daniel Bensaïd, philosophe et militant révolutionnaire disparu en 2010, qui aimait à dire
« Malgré toutes nos défaites, nous avons gagné par nos luttes le droit de recommencer »
Gilles Madec
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